Kidnap Your Designer
Educate Your Customer, self produced poster, 2010

Kidnap Your Designer

Kidnap Your Designer est un studio de création graphique basé à Bruxelles animé par Caroline Dath et Damien Safie tous deux issus de l’Erg (École de Recherche Graphique). Le studio s’est spécialisé dans la mise en place d’identités visuelles dans les champs de l’architecture, du design, de la musique, du cinéma, du théâtre, de l’associatif, des arts et de la culture en favorisant une approche conceptuelle inspirée des caractéristiques propres à chaque commanditaire. Caroline et Damien enseignent également tous deux à l’erg au sein du pôle Média. L’ensemble de leur portfolio est visible sur kidnapyourdesigner.com

Quelle méthode, support ou objet tiers au démarrage

Pour Caroline et Damien, la collaboration, c’est d’abord une rencontre et un processus de travail qu’ils détaillent, avec humour, étape par étape sur leur poster Educate Your Customer (photo).

La dernière page de leurs devis comprend un ensemble de conditions générales plutôt solides, auxquelles ils ne recourent qu’en de rares occasions ; lorsqu’un payement se fait attendre et qu’après plusieurs rappels, il conviendrait de calculer des intérêts de retard, ou encore, lorsqu’on les prive de signer leur travail et qu’il s’agit d’informer sur les droits d’auteurs.

« Expliquer le vocabulaire, avoir un lexique, pourrait aussi nous aider. On passe souvent beaucoup de temps à détailler notre travail au commanditaire, à être pédagogue sur le métier de graphiste. »

Pour eux, les questions sont d’abord à poser aux commanditaires. De leur côté, la forme de la collaboration c’est à chaque fois du sur-mesure. "Mais, quand il s’agit d’une commande institutionnelle, la logique tendrait à dire que c’est à nous de répondre au cadre, et c’est là que c’est problématique, car les institutions établissent souvent leurs cahiers des charges sans avoir consulté des membres de la profession pour le faire. La plupart du temps, établir le devis c’est déjà en quelque sorte faire le projet." Les devis de Kidnap sont précis, ils posent le planning et balisent le terrain, aussi pour se protéger. « On attend l’acompte avant de présenter une première version du projet. »

Morceaux, extraits, anecdotes d’une collaboration en crash et/ou réussie

Suite à un appel à projets, mal rédigé, de Wallonie Bruxelles Design Mode (WBDM) pour leur site web, Kidnap your Designer les sensibilise et permet d’instaurer une relation respectueuse des designers graphiques. Ce temps permet à Caroline et Damien de mener de front un travail de sensibilisation qu’ils ont initié avec d’autres: We Are Graphic Designer. "Sur le moment c’était déjà trop tard pour intégrer pleinement ces questions dans l’appel à projets, mais l’équipe était très à l’écoute." Maintenant WBDM met en place une collaboration tous les 3 ans avec un designer sur base de son portfolio. « L’un des problèmes en amont est que le service juridique de telles institutions n’est jamais remis en question alors qu’il rédige en partie les cahiers des charges des équipes de communication. » Dans ce sens, Kidnap a traversé une expérience à trous avec le centre de culture contemporaine, La Panacée, de Montpellier. Après avoir remporté l’appel à projets et mis en place un certain nombre d’éléments graphiques, la collaboration est suspendue simplement parce que le poste administratif qui s’occupait de leur contrat n’est pas renouvelé. L’équipe de communication interne fait alors le graphisme par ses propres moyens, avec un résultat loin d’être satisfaisant et à la hauteur d’un centre d’art à vocation internationale. « En parallèle à la sensibilisation autour des conditions des contrats et des conditions de travail, il faudrait pouvoir sensibiliser à la culture graphique. »

Aussi dans ses notes d’intentions, Kidnap essaie d’être explicite sur sa manière de travailler et sur la petite échelle du studio, avec ce que cela implique.

Dans le cadre d’une autre collaboration longue, ici avec une association de prévention santé, à un moment donné, l’équipe des responsables de la communication a changé. Au fil du temps, c’est arrivé 3 fois. Pourtant, à chaque fois, Kidnap a conservé les archives graphiques du projet, connaissant mieux que l’équipe l’historique des campagnes.

« La collaboration dépend très fort des personnes en place dans l’équipe de communication, et pas seulement un changement de direction. L’éducation au commanditaire est à faire tout le temps. Les chargés de com sont sous pression avec des contrats précaires et sont souvent remplacés. Par exemple, dans les récents échanges entre le MAD et WAGD, nous avons connu 4 personnes différentes à ce poste. Cette collection d’interviews, c’est à l’IHECS qu’il faut la diffuser, aux futurs chargés de communication. »